Préparation ou résilience:

comment la pandémie est-elle encadrée? Entretien avec Sandrine Revet

Sandrine Revet

Sciences Po (Paris, France)

Irene Falconieri

Università degli Studi di Messina

L'apparition de la pandémie de Sars-CoV-2 a généré un climat d'incertitude généralisé et a imposé des ajustements soudains dans les modes de vie et les relations sociales, dans les temps et les formes de travail, dans les pratiques de l'administration territoriale et dans de nombreux autres domaines de la sphère publique et privée. Les concepts d'urgence et de crise sanitaire, ainsi que les outils de gouvernance qui leur sont associés, ont représenté les principales catégories à travers lesquelles le phénomène a été pensé, communiqué et mis en œuvre par les institutions et agences nationales et supranationales. Cela s'est fait au détriment d'une approche holistique et d'une perspective temporelle de plus long terme, capable de faire ressortir le réseau articulé de relations entre les différentes sphères et échelles de la société qui a conditionné l'étendue et les caractéristiques de la situation pandémique à l'échelle nationale et internationale.

À l'initiative de la présidente de l'association de l'époque, Mara Benadusi, la Société Italienne d'Anthropologie Appliquée (SIAA) a lancé, lors du premier lockdown, un speakers’ corner en ligne intitulé Listen to the pandemic afin de recueillir des expériences de recherche et surtout de promouvoir des opportunités de discussions anthropologiques sur les questions de la pandémie. Sandrine Revet était l'un des invités de l'initiative. En dialogue avec Irene Falconieri, dans l'entretien que nous publions ici, Revet montre comment les théories et les expériences de recherche acquises dans le domaine de l'anthropologie des catastrophes peuvent contribuer à une compréhension plus articulée de la pandémie, de ses effets inégaux dans différents contextes sociaux et de la manière dont elle est encadrée au niveau international.

Sandrine Revet est anthropologue, Directrice de recherche à Sciences Po (Paris). Ses premiers travaux se sont orientés autour de l’anthropologie des catastrophes avec une thèse sur les coulées de boue de 1999 au Venezuela (Anthropologie d’une catastrophe. Les coulées de boue de 1999 au Venezuela, Presses de la Sorbonne nouvelle, 2007). De 2008 à 2015, elle a mené une enquêtemultisites sur le monde international des catastrophes conduit dans les bureaux de l’ONU à Genève et dans plusieurs pays d’Amérique latine dans lesquels sont mis en place des programmes de prévention ou de gestion de catastrophes “naturelles” (Les coulisses du monde des catastrophes "naturelles", Ed. FMSH, 2018; Disasterland, An Ethnography of the International Disaster Community, Palgrave, 2020). Elle débute en 2018 une recherche sur le règlement par le droit des relations entre humains et environnement dans un contexte de crise à partir du cas du fleuve Atrato en Colombie.

Irene Falconieri: Depuis la fin des années 70 du siècle dernier, le domaine d'étude connu comme “anthropologie des catastrophes” s'est progressivement structuré. Aujourd'hui, ce domaine jouit d'une reconnaissance croissante – quoiqu’encore timide – également dans les milieux institutionnels et publics. En son sein, les événements naturels extrêmes sont interprétés comme des produits de l'action humaine et ils sont placés dans une perspective historique et processuelle à long terme, capable de dévoiler la complexité qui les caractérise. Vos travaux de recherche et vos publications s'inscrivent dans ce cadre théorico-conceptuel. Vous avez étudié, avec une approche ethnographique, la gouvernance des catastrophes naturelles et les processus de construction d'un "monde" international des catastrophes. Sur la base de vos expériences et de vos connaissances théoriques et ethnographiques, pensez-vous que les concepts et les catégories de l'anthropologie des catastrophes peuvent être utiles pour comprendre les implications de la pandémie due à la propagation du virus Sars-Cov-2? Peuvent-ils également contribuer à améliorer les formes de gouvernance mises en place dans les différents contextes nationaux et internationaux?

Sandrine Revet: La situation actuelle, marquée par la pandémie de Covid-19, fait émerger plusieurs thématiques amplement traitées par la littérature anthropologique. L’anthropologie des catastrophes a ainsi montré depuis longtemps que les catastrophes ne nivellent pas les inégalités mais qu’elles les creusent et les aggravent. Face à un discours qui a émergé dans les années 1980 et 1990 autour de l’idée des "risques globaux" et notamment la publication de La Société du risque: sur la voie d'une autre modernité (1986) dans lequel Ulrich Beck affirme que les risques contemporains avaient pour caractéristique d’unir l’humanité dans une même condition de vulnérabilité, l’anthropologie a bien montré qu’en fonction des contextes, cette vulnérabilité se déclinait différemment et conduisait à affronter les situations de danger avec des ressources différentes. L’anthropologie permet aussi, en s’approchant au plus près des personnes et des groupes qu’elle étudie, de nuancer ces grandes tendances, en montrant par exemple les ressources inattendues que peuvent mobiliser certains groupes considérés comme “vulnérables”, qui ont développé des compétences pour affronter des situations critiques au quotidien et qui parfois sont moins déstabilisés que d’autres face à l’irruption de la “catastrophe”.

L’anthropologie a également mis en lumière l’émergence en situation critique de “communautés de survie”, qui se fondent sur l’organisation sociale des groupes et permettent de se réorganiser dans l’urgence. C’est ce que nous voyons émerger aujourd’hui à travers les phénomènes d’entraide entre habitants d’un même immeuble, d’un même quartier ou au sein des groupes familiaux. C’est également ce qui se manifeste dans les “élans de solidarité”, qui rassurent sur les qualités humaines qui se manifestent en temps critiques. Pourtant, l’anthropologie a permis également de montrer d’une part que ces solidarités possédaient un caractère éphémère et qu’elles sont notamment mises à mal dès lors que des dispositifs d’aide extérieurs prennent le relais, basés sur des critères sélectifs qui vont réintroduire des différences et des concurrences entre ceux qui y ont accès et les autres. D’autre part, les situations de catastrophes permettent souvent de faire émerger des nouveaux acteurs, des nouvelles relations sociales. Les relations de genre peuvent être bouleversées, de même que les relations entre les générations, des nouveaux leaderships peuvent émerger. Ces processus, là encore, ne sont pas universels mais gagnent à être étudiés dans des contextes précis, avec un regard non centré sur le moment de la “crise” et une bonne connaissance du terrain.

Il est également fréquent de voir émerger dans les situations de catastrophes des figures emblématiques qui se déclinent différemment en fonction des contextes : héros, victimes, boucs émissaires. De nombreux travaux d’anthropologues portent sur la façon dont ces figures peuvent être comprises dans les contextes où elles sont mobilisées.

L’anthropologie a aussi traité de manière très documentée l’impact que peut avoir le traitement des cadavres en situation de catastrophe, qu’il s’agisse d’épidémie ou d’autres situations de morts en masse, comme les conflits. Le non-respect des rituels funéraires, les enterrements en masse, le traitement dégradant des corps ont une influence importante sur la façon dont les sociétés s’arrangent à plus long terme avec les morts.

Enfin, l’anthropologie permet de travailler, à partir des différents récits produits sur un événement, qui peuvent prendre des formes aussi diverses que des chansons, des œuvres d’art, des poèmes, des récits narratifs, des photos mais aussi des conversations quotidiennes, sur le sens que les personnes donnent à de tels événements. Sans s’en tenir aux seuls récits médiatiques ou aux discours nationaux produits par quelques personnages emblématiques, il est intéressant d’analyser la complexité de ces récits et de voir qu’ils tissent, à plusieurs voix, la toile d’un récit collectif qui ne se stabilise pourtant pas toujours. Ces discours proposent de donner un sens à ce qui est arrivé ou ce qu’il se passe et désignent souvent des coupables. Ce qui frappe quand on les analyse en finesse, c’est la pluralité des registres qui coexistent en leur sein.

Pour conclure, on peut dire que le propre de l’anthropologie est de regarder l’ordinaire de ces situations “extraordinaires” en s’intéressant aux expériences quotidiennes. L’ethnographie propose une échelle d’enquête particulière et s’engage à la description fine, et l’anthropologie propose un programme de comparaison qui permet d’élargir la vision.

Irene Falconieri: L'un des outils heuristiques qui a permis à l'anthropologie de s'affirmer dans ce que vous avez appelé le "monde des catastrophes" est le concept de vulnérabilité sociale. Pensez-vous qu'il puisse avoir une efficacité explicative en l'appliquant également à l'analyse des conséquences générées par la pandémie actuelle? Quel apport peut-il offrir?

Sandrine Revet: Les sciences sociales qui se sont intéressées aux situations de catastrophe dans une perspective dite “radicale” à partir des années 1970 ont choisi de procéder à une “dénaturalisation” des catastrophes en se centrant non pas sur leurs causes naturelles, ainsi que sur leurs conséquences sociales mais sur les causes profondes de ces catastrophes, aggravées par ce qu’ils ont appelés les facteurs de vulnérabilité. Ces travaux ont montré quelles sociétés étaient différemment affectées par un phénomène naturel quel qu’il soit en fonction de facteurs historiques, économiques, politiques qui rendait la société plus ou moins susceptible d’affronter ou de se remettre de ces phénomènes. Dans le cas de la pandémie actuelle, de nombreux facteurs entrent en ligne de compte, qui concerne le virus lui-même, sa capacité de mutation, de circulation, de reproduction. Mais il semble que l’on puisse tout de même cerner des facteurs qui rendent certaines sociétés plus vulnérables à ce virus : le fait d’être très connecté au reste du monde par des infrastructures qui facilitent la circulation (routes, transports aériens...), ou encore le fait d’avoir un système de santé affaibli ayant abouti à des fermetures de lits ou à des réductions du personnel de santé , enfin un autre exemple pourrait être un faible niveau de protection sociale, rendant les mesures de confinement intenables pour les populations les plus fragiles. Dans cette perspective, qui me semble tout à fait utile pour penser la situation actuelle, il s’agit de ne pas seulement étudier la nature même du phénomène lui-même (le virus), mais de s’intéresser à ce qui rend une société plus fragile quand elle y est confrontée.

Irene Falconieri: Tant dans les contextes supranationaux que par chaque État, la pandémie a été interprétée, gérée et publiquement décrite en utilisant les catégories d'urgence et/ou de crise. Ces deux concepts font référence à une temporalité à court terme, liée aux notions d'immédiateté, d'urgence et de rapidité. Au cours des trois dernières décennies, les sciences sociales, et l'anthropologie en particulier, ont mis en évidence les limites et les aspects critiques de l'application exclusive de ces concepts à l'étude des catastrophes. À votre avis, ces limites apparaissent-ils aussi lorsqu'on les applique à la compréhension de la pandémie? Avec quelles conséquences?

Sandrine Revet: En effet, la façon dont on qualifie un événement nous renseigne à la fois sur la façon dont il est pensé, mais aussi sur les mesures mises en place pour l’affronter. Dans de nombreux contextes, la situation actuelle a été qualifiée dans des termes de l’urgence: “crise sanitaire”, “urgence sanitaire internationale”…

Parler de “crise” et utiliser le vocabulaire qui va avec implique que l’on considère l’existence d’un état normal et sa perturbation passagère avant un retour à la “normale”. La crise est traduite graphiquement par la métaphore du “pic”, et celle, naturalisante, de “la vague”, ainsi que par des courbes qui montent et redescendent pour revenir plus ou moins rapidement à leur niveau de départ. C’est une vision linéaire de la crise. En outre, parler de crise signifie que la structure n’est que ponctuellement affectée. Or, dans la situation actuelle, il est évident d’une part que cette pandémie n’est pas une perturbation anormale d’un fonctionnement “normale” mais bien au contraire l’une des conséquences normales d’un fonctionnement “anormale”. Par ailleurs, la situation va provoquer un ébranlement même des structures sociales, ce qui correspond donc mieux à la notion de catastrophe, qui désigne un événement transformateur, qui détruit, renverse, bouleverse l’ordre qui l’a précédé.

En outre, l’utilisation généralisée de la notion de “crise sanitaire” comporte le risque de faire primer le cadrage sanitaire sur les autres. Or, comme la sociologie politique l’a bien montré, l’un des effets de ces “crises” est de déborder l’organisation habituelle en secteurs, de produire ce que Michel Dobry appelle la "désectorisation" et d’obliger à penser en dehors de son seul domaine de compétence, d’obliger à la coordination, qui constitue un enjeu majeur pour les professionnels de la gestion de crise et l’une des opérations les plus complexes à mettre en œuvre, dans la mesure où chaque monde professionnel, chaque secteur a ses temporalités, ses enjeux, ses langages, ses objectifs, ses échelles et que les faire coïncider est une opération extrêmement complexe. S’il n’est évidemment pas question de nier la spécificité de cet événement, et du rôle central que joue le système de soins et des questions sanitaires dans sa gestion, le circonscrire au terme de “crise sanitaire” occulte l’ensemble des domaines qui sont et seront durablement affectés par cet événement et sous-entend que dans les arbitrages quotidiens, la santé prime sur tout le reste. Or il est évident que tel n’est pas le cas. Les dimensions sanitaires, sociales, écologiques, économiques et politiques de cette catastrophe sont enchâssées et il convient de les penser ensemble.

En outre les temporalités courtes de l’urgence qui découlent de la façon de qualifier une “crise” induisent des modes d’actions centrés essentiellement sur le fait de se “préparer” à l’événement. C’est toute la rationalité de la preparedness qui domine désormais le monde de la gestion des catastrophes, avec des conséquences importantes sur les représentations des événements et sur les modes d’actions, plus verticaux, centrés sur le fait de sauver des vies, sur une représentation de l’événement comme exceptionnel et comme horizon d’attente le “retour à la normale”. Les actions s’appuient aussi fortement sur des moyens technologiques et une structuration verticale des acteurs. Cela empêche d’imaginer d’autres modes d’actions qui agiraient sur un temps plus long avec l’idée de réduire la vulnérabilité des sociétés face à des événements divers, et ainsi à rendre leur occurrence moins dommageable.

Irene Falconieri: Dans votre dernière publication, vous analysez deux “cadrages” interprétatifs différents, basés sur les notions de préparation et de résilience, dans lesquels les pratiques institutionnelles de la gouvernance des catastrophes sont aujourd'hui structurées. Ces deux cadrages sont l'expression de différentes interprétations et représentations du concept de catastrophe et génèrent différents modèles d'intervention. En plus de guider la “communauté d'experts”, pensez-vous qu'ils peuvent également aider à déterminer des conceptions locales des catastrophes? Ont-ils également un effet sur la façon dont les gens ordinaires perçoivent de tels événements? Enfin, peuvent-ils nous aider à analyser et à mieux comprendre le travail des experts internationaux dans le cas de la pandémie actuelle?

Sandrine Revet: Les deux cadrages de la préparation et de la résilience naissent dans des milieux professionnels particuliers mais ils ont des implications locales importantes. Les acteurs locaux se saisissent de ces cadrages qui se traduisent en projets, en financements et en actions. Ils orientent donc grandement ce qui se passe localement et dont les habitants se saisissent en retour. Pour autant, ce que mes enquêtes m’ont montré, c’est que les personnes affectées par des événements de ce type utilisent plus de ressources globalement pour les interpréter et agir face à ceux utilisés par les professionnels du monde international des catastrophes, qui sont globalement enfermés entre les deux cadrages de la résilience et de la préparation. Ainsi, les habitants au Venezuela mobilisaient aussi bien un cadrage religieux qui expliquait la catastrophe des coulées de boue de 1999 comme un acte divin, pour punir les humains de certains comportements; qu’un cadrage naturalo-animiste qui désignait la nature (la rivière, la pluie, la montagne) comme une entité dotée d’intention ayant choisi de reprendre des territoires que les humains lui avaient pris pour construire; ou encore un cadrage du risque, qui renvoyait la responsabilité aux humains de par leur irresponsabilité ou leur mauvaise "culture du risque". Tous ces cadrages agissaient comme des ressources que les personnes mobilisaient en situation. Les cadrages de la préparation et de la résilience sont des ressources supplémentaires disponibles dont les personnes peuvent user en fonction des situations pour penser la catastrophe dans laquelle ils sont pris et chercher des moyens de l’affronter.

Irene Falconieri: Vous avez déclaré – dans un très intéressant et récent entretien – que la tâche de l'anthropologie n'est pas tant de donner un sens aux choses, mais plutôt de comprendre et de faire connaître le sens que les gens donnent aux choses. Dans le cas des catastrophes, par exemple, comprendre l'ordinaire des événements considérés comme extraordinaires. Dans ce moment historique particulier, où les possibilités de conduire des recherches ethnographiques sont encore fortement limitées par les restrictions au mouvement et la nécessité d'une distance entre les personnes, de quelle manière et avec quels outils pouvons-nous accomplir nos tâches et décrire les processus de construction du sens mis en place par nos interlocuteurs?

Sandrine Revet: La période est très complexe pour l’anthropologie car à la fois elle bouillonne de situations dont les anthropologues sont tout à fait à même de se saisir, comme je l’ai signalé plus haut ; et dans le même temps ce qui fait le cœur de notre dispositif méthodologique, l’ethnographie, est rendu impossible ou très compliqué par la situation elle-même. L’anthropologue en est réduit à réaliser une «auto-ethnographie» (Agier, Vivre avec des épouvantails. Le monde, les corps, la peur, Premier Parallèle, 2020: 12), ou alors à regarder, de loin, ce qu’il se passe en dehors de son champ de vision, mais à portée d’outils virtuels. C’est le moment où nous voyons à quel point nos relations avec “le terrain” constituent le cœur de notre méthode: ainsi nombreux ont été les anthropologues qui ont pu contacter, voir, parler, de loin, avec des personnes qu’elles connaissaient sur le terrain sur lequel elles travaillent et produire ainsi malgré les contraintes, du savoir sur cet événement mondial. En témoigne le nombre important de publications qui commence à sortir sur la pandémie, alors que leurs auteurs les ont écrites en conditions de circulation très restreintes.

Pour ma part, je crois aussi qu’il n’est pas forcément nécessaire de produire des choses au moment où les événements se déroulent. Parfois, laisser un peu de temps passer, tout en observant de loin, et travailler après coup, sur les récits des événements, tout en observant lorsque cela devient possible les traces qu’ils laissent, la façon dont ils sont construits, retraduits, élaborés, est également une très bonne manière de procéder. Ainsi, les chercheurs qui travaillent “sur les catastrophes” en font rarement l’expérience directe et cela ne les empêche pas de produire de très belles descriptions de la façon dont les gens avaient vécu ces catastrophes, sans qu’ils les aient éprouvées eux-mêmes. Ce qui est différent dans ce cas c’est que le monde entier est soumis à la même menace, dans des conditions certes très différentes et avec une intensité très variable, mais l’expérience de la peur, de la surprise, de l’incertitude a, elle, été partagée assez globalement. Faut-il à tout prix répondre à la demande d’éclairer ces situations dans l’urgence ou bien maintenir une temporalité de recherche lente, et revendiquer de faire de la slow science, au risque de perdre des opportunités de rendre nos savoirs utiles? Je ne parviens pas toujours à trancher.